top of page

Genèse d'une conception.

Dernière mise à jour : 7 juin 2022

Je me suis toujours demandé ce que je répondrais à un chroniqueur littéraire ou à un écrivain de renommée si l’on me posait les questions : « Quel a été le parcours d’écriture de ce livre ? Quelle est votre recette de fabrication ?»


Au moment où je vous écris, je prends une pause. Mes yeux se ferment, j’entre au plus profond de moi pour vous transcrire comment je vis un long cycle d’écriture. Ma poitrine se soulève au rythme de ma respiration, lente, profonde. Je revis pour chacun de mes livres la manière dont cela s’est déroulé. La méditation est mon refuge, ma voie de sagesse. On me parle de recette ou bien de voyage, de technique, d’objectif. Mon corps ne le ressent pas ainsi. A mes yeux, c’est une vague de ressentis. Je ne fabrique pas un livre, je ne le fais pas. Il n’y a ni tactique, ni pensée d’argent derrière chacun d’eux.


Mon cœur et mon esprit se rencontrent, s’unissent. Parfaite symbiose. C’est dans cet espace fécond, relié à quelque chose de plus grand, qui intuition, qui images, qui parfums, qui sons me guident aux confins de la création. Le livre n’est qu’à l’état embryonnaire. C'est un prénom, tantôt une époque ou bien une image et toute la vie qui gravite autour qui sont le point de départ. Fragile, microscopique, chaque jour de nouvelles cellules se construisent : la description d’un lieu précis, la vie entière du personnage principal et tous ses liens de parenté. Un assemblage méticuleux, un élément à la fois, évoluant dans les méandres de mon esprit durant les premiers mois. La musique se joue dans ma tête. J’écoute celle qui résonnera à l’unisson avec ma main. Elle, qui transcrit l’histoire conçue dans le champ de mon imaginaire dépourvu de limites, se laisse porter, et suit la mélodie, le film qui se joue sur mon écran mental. L’écriture devient automatique, sans effort, sans accroc.


D’embryon, le livre devient fœtus. Le plan, l’intrigue, les péripéties, les personnages principaux et secondaires, les lieux, le style sont enfin unis. Au rythme des paragraphes et bientôt des chapitres, le mouvement apparaît, celui de son cœur. Il fait partie de moi, m’attire à lui, provoque souvent de grandes fatigues, des nuits à le rêver, à le vivre. Il est l’objet de tous mes isolements, pour n’être qu’avec lui, pour lui. Je suis déjà sa mère qui l’aime profondément. Je ne l’attends pas, je le chéris au cœur de mes entrailles, je lui donne vie. Chaque livre est une grossesse qui me transforme, me nourrit, me donne toujours plus d’amour. Alors, je ne suis jamais pressée de le voir achevé. Je lui consacre le temps dont il a besoin pour se forger une charpente solide, évoluer, pour entrer en mouvement jusqu’à le sentir bouger et communiquer avec moi de maintes façons.


Lorsque j’arrive à la relecture finale, les dernières corrections, nous sommes au 7ème mois pour une grossesse humaine. Il lui en reste deux pour « les finitions ». Au terme de sa minutieuse préparation, il me donne le signal, celui de sa naissance. La sage-femme m’aide pour une délivrance en douceur : bêta lecture, mise en forme. Un accouchement de l’esprit, une libération énergétique salvatrice pour lui comme pour moi. Lorsque je le tiens entre mes mains, il n’est pas encore habillé de sa jolie couverture, de belles reliures. Il est imprimé sur de grandes feuilles blanches. Je parcours chaque ligne comme si je le découvrais pour la première fois. Il grandit ainsi encore quelques temps sous cette forme. Le temps que ses plus beaux atours l’habillent.

Enfin revêtu de sa belle tenue, il devient plus grand, plus beau, plus fort. Il s’est transformé en apparence. De nouveau je reçois cette transformation extérieure comme une seconde naissance. Il est prêt pour le baptême, l’enregistrement de son patronyme. Il entre dans le monde. C’est un livre. D’autres que moi le portent, l’observent, touchent ses pages. Ce n’est plus un nourrisson, le bébé que l’on met au monde, il est l’adolescent que l’on conduit à l’université. Il doit faire ses preuves, convaincre ses professeurs, prendre sa place pour petit à petit s’émanciper.

Commentaires


  • Instagram
  • Facebook

© 2023 by Little Belle Adventures. Proudly created with Wix.com

bottom of page